Peter Luccin au naturel (Paris Foot - numéro 1 - Septembre 2000)


Si Peter Luccin s'est fait accepter aussi vite par les supporters parisiens, c'est sans doute parce qu'il est aussi agressif et combatif sur le terrain qu'il est calme et agréable à vivre en dehors...
Dimanche 27 septembre, fin de la 5e journée de championnat et victoire de PSG sur Bastia (3-1). Comme la majorité des joueurs du club parisien, Peter Luccin va tour à tour saluer les deux kops du Parc. Alors qu'il se dirige vers la tribune Auteuil, les supporters entonnent des "Luccin, Luccin, Luccin !". Les responsables du service communication du PSG ont le sourire. "Cette communion, c'est vraiment incroyable ! C'était impensable il y a encore deux mois". C'était mal connaître Peter Luccin. A 21 ans, et à l'image de ses potes des espoirs, Thierry Henry et Nicolas Anelka, le jeune Marseillais a l'habitude de relever des défis. Ses défis. "Venir à Paris, c'était mon choix. Je ne sais pas si c'était un choix culotté... D'autres ne l'auraient peut-être pas fait, mais je savais que le seul club français capable de répondre à mes ambitions était le PSG".
En signant ici, Peter savait aussi que les premières semaines, voire les premiers mois, allaient être difficiles. "Mais dans ma carrière, je n'ai jamais choisi la facilité. En quittant Cannes pour Bordeaux d'abord, puis en signant à l'OM..." La comparaison avec Anelka et Henry est encore valable. "Ils ont la même approche du football que moi. On sait ce qu'on veut faire, personne ne peut nous résister. Cette force, elle fait partie de mon caractère depuis que je suis tout petit" .
Cette force, c'est celle qui se dégage sur le terrain, quelque soit le maillot qu'il porte sur les épaules. "J'attendais avec impatience les premiers matches de championnat, pour montrer ce que je pouvais faire avec le maillot du PSG. Certains ont dit que je ne mouillerais pas le maillot autant qu'avec l'OM parce que j'étais marseillais, et bien ils ont pu voir que sur le terrain, je ne lâchais rien. J'ai la même agressivité quà Marseille. C'est ça le plus important".
C'est en effet ce qui a convaincu les supporters parisiens et qui fait de lui l'un des chouchous du Parc des Princes. "Mais rien n'est acquis", s'empresse d'ajouter Peter. "Si demain on fait des matches en demi-teint, je sais que je serais le premier visé. C'est normal d'ailleurs, vu le contexte". Pourtant, en dehors du terrain, Peter a déjà fait l'unanimité. Supporters, personnel du PSG, observateurs..., tout le monde vante les qualités d'homme du marseillais. "Dans la vie, je ne suis pas le même que sur le terrain. Je suis très calme. C'est sans doute pour cela que je prends du temps pour parler avec les supporters. Il y a un truc qui passe... Mais je suis naturel , ce n'est pas calculé".
Convaincu que dans le football, le fait de bien gérer ses journées est "aussi important que le comportement sur le terrain", Peter a mis tous les atouts de son côté en arrivant à Paris. Son appartement, il l'a trouvé à dix minutes du centre d'entraîment, dans un coin tranquille. Ses temps de libre, il les passe avec sa fiancée et sa famille, dont beaucoup de membres vivent dans la région parisienne. Et, s'il a besoin de décompresser, il écoute de la musique. Beaucoup de musique. "Pour tout oublier, on se met un bon petit CD et on relâche tout... " Sur son lecteur, du Zouk, "en raison de mes origines antillaises", et du Hip-Hop. Le Rap, c'est la musique des cités. On écoute du Rap, on joue au foot et au basket". Pour alimenter sa passion, Peter n' hésite pas à acheter la presse spécialisée, Radikal et Groove. "J'y ai appris que Lunatic, un groupe de Rap parisienque j'apprécie beaucoup, allait sortir un nouveau CD, je serais certainement le premier à l'acheter". Faire de la musique : c'est d'ailleurs peut-être la voie qu'aurait choisi Peter s'il n'avait pas été footballeur professionnel. "Peut-être aurais-je tenté quelque chose dans ce domaine...".
A défaut d'avoir une idée plus précise de ce qu'aurait pu être sa vie sans le foot, Peter se prépare déjà à sa vie après le foot. "Il faut y penser dès maintenant. C'est pourquoi il ne faut pas faire n'importe quoi avec l'argent". En tête de ses préoccupations, qui ne sont pas toujours celles d'un gamin de 20 ans : mettre sa famille à l'abri du besoin. "Le plus important, c'est ma famille. Qu'elle ne manque de rien. Si je termine ma carrière à 33 ou 34 ans et que j'ai été irréprochable sur le terrain et irréprochable vis à vis de ma famille, alors je pourrai marcher la tête haute".
Stéphane Désenclos