Peter Luccin : "Des buts il m'en faudra d'autres" - La Provence - 26 mai 1999


Le jeune Marseillais vient de marquer pour la première fois en D1. Il estime qu'il devrait tourner à cinq ou six buts par saison. Et espère que la dernière journée se jouera sérieusement.

La Provence - Peter, un premier but sous le maillot blanc, c'est un événement particulier pour un Marseillais ?
Peter Luccin: "C'était assez émouvant car il s'agissait du premier non seulement à l'OM mais aussi au niveau professionnel. Le réussir devant mon public, mes amis, a été un grand plaisir. Et puis nous avons gagné 1 à 0, ce qui veut dire qu'il a servi."

L.P. - C'était incontestablement ce qui manquait le plus à ta palette...
P.L.: "Tout à fait. Depuis que je joue en première division (1), même si je fais d'assez bons matches, je n'ai pas marqué. Or on sait que l'essentiel en football, ce sont les buts. Maintenant que je me suis dépucelé, en quelque sorte, j'espère que d'autres buts viendront bien vite. Dès samedi à Nantes et ensuite la saison prochaine."

L.P. - Pour un milieu défensif, combien faut-il en marquer ?
P.L.: "J'aimerais me fixer comme objectif cinq ou six buts par saison. On a vu cette année qu'Éric Roy en avait mis quelques-uns avant sa blessure. C'est donc tout à fait possible."

Saison en demi-teinte

L.P. - On a d'ailleurs le souvenir d'un Peter Luccin buteur en Malaisie avec les moins de 20 ans. Des buts capitaux en plus...
P.L.: "C'est vrai. Contre l'Afrique du Sud et le Mexique. En sélection, j'ai été plus efficace. Il faut que maintenant je le sois avec l'OM. Il est clair qu'il me fallait ce déclic et j'ai cette progression à accomplir."

L.P. - Quel bilan tires-tu de cette première saison à l'OM ?
P.L.: "Il est mitigé. Mes quatre premiers mois ont été gâtés par des blessures, des suspensions, des matches en demi-teinte. Depuis janvier, tout est reparti comme avant, avec cette cerise sur la gâteau contre Auxerre. Même si ça vient un peu tard."

L.P. - Ça a été plus dur à Marseille qu'ailleurs ?
P.L.: "Non, au contraire. Ma famille, mes amis m'ont poussé, m'ont aidé dans les moments difficiles."

L.P. - Cela te donne-t-il le regret de ne pas avoir, plus jeune, intégré le centre de formation de l'OM ?
P.L.: "Non. En CFA 2, il y a actuellement de très bons jeunes que je vais voir le plus souvent possible et je suis content qu'il y en ait quelques-uns qui signent leur contrat pro. Mais, personnellement, quand j'étais plus jeune, je préférais quitter Marseille. Si j'étais resté, je n'aurais peut-être pas réussi."

Du calme !

L.P. - L'autre domaine dans lequel il te faut progresser, c'est apprendre à te calmer ?
P.L.: "Tout à fait. On sait que je suis invivable pour les autres joueurs. Mais c'est mon métier, toute ma vie, il ne faut pas m'en vouloir. Je dois progresser et prendre moins de cartons mais mon jeu restera agressif ; ce que je dois éviter, c'est de trop discuter avec les arbitres."

L.P. - N'est-ce pas trop facile de te faire disjoncter ?
P.L.: "Non, non. Ce ne sont pas les adversaires qui me font disjoncter. Je le fais tout seul, pour une petite injustice. Or je sais bien que la perfection ne peut pas exister chez les arbitres."

L.P. - Comment vois-tu cette dernière soirée de samedi ?
P.L.: "Le foot, c'est notre métier, notre joie de vivre. Il serait dommage que certaines équipes laissent tomber lors du dernier match. On dirait que le championnat est corrompu. En Italie, on voit parfois des résultats étranges en fin de championnat. En France, distinguons-nous en jouant franc jeu jusqu'au bout."


Article de Mario Albano