Luccin : "Mon avenir est ici" - La Provence - 21 février 2000


Critiqué avec véhémence et touché dans son amour-propre, Peter a souhaité s'expliquer longuement sur sa baisse de régime avant de rejoindre l'équipe de France Espoirs

Depuis plusieurs semaines, Peter Luccin n'est que l'ombre de lui-même. Peu épargné par les critiques, il aurait pu se murer dans le silence.
Pour éviter tout quiproquo, il a préféré s'expliquer longuement sur son rendement minimum, sur ses relations avec Casoni, successeur de son ami Courbis, sur son proche avenir qu'il n'imagine pas ailleurs qu'à l'OM, le club de sa ville natale.

- Peter, vous n'étiez pas de la fête contre le PSG. Des regrets?
Peter Luccin : "Evidemment. J'ai regardé le match chez moi. Il ne faut s'emballer mais nous ne sommes qu'à sept points de l'Europe. De plus, on s'est imposé avec la manière. J'étais heureux aussi pour Pancho qui a marqué son premier but en D1. Maintenant essayons de renouveler notre prestation à Lyon."

- Avec Luccin?
Peter Luccin : "C'est à l'entraîneur de décider. Mais j'espère bien. J'ai envie de me donner à fond pour l'OM. Même si j'ai entendu dire que j'envisageais de partir. Je n'aime pas les gens qui cherchent à détruire les joueurs. J'ai toujours voulu porter ce maillot. Depuis tout petit. Et maintenant je voudrais l'échanger contre un autre? C'est n'importe quoi. Je vais faire le maximum pour retrouver mon niveau."

" Je compte porter ce maillot quatre ou cinq ans "

- Car, vous en conviendrez, ces dernières semaines ce n'était pas folichon.
Peter Luccin : "Depuis le début de l'année, je suis transparent. J'en suis conscient. Un passage à vide arrive à tout le monde. Je ne suis pas un robot. Mais je n'accepte pas que l'on dise que je me fous de l'OM. Je le clame haut et fort. Je veux rester à l'OM. Je n'honorerai pas mon contrat de douze ans. Mais je compte bien porter ce maillot quatre ou cinq ans. Même si on demande plus à un Marseillais."

- Vous le saviez en venant.
Peter Luccin : "Tout à fait."

- La deuxième année, ce n'est pas plus facile ?
Peter Luccin : "Vous rigolez! La pression sera toujours la même. Mais j'aime bien me remettre en question.A Bordeaux, j'ai traversé une mauvaise période car je jouais trop facile."

- Vous n'avez donc pas de problèmes personnels?
Peter Luccin : "Non. De toute façon, cela me regarde. Quand je ne suis pas en forme, je dois seulement être moyen et pas transparent."

- C'est ce que vous a dit Di Meco.
Peter Luccin : " C'est exact. Je dois jouer plus simple afin de reprendre progressivement confiance.

- Qu'apporte le nouveau manager sportif du club ?
Peter Luccin : "Beaucoup de par son expérience et sa connaissance du club. On a tous envie de revivre la période du début des années 90."

- Une fois votre carrière terminée, souhaiteriez-vous occuper une fonction de cadre à l'OM ?
Peter Luccin : "Ah oui! Travailler avec les jeunes ou dans le domaine du recrutement me tenterait. Je ne me vois pas quitter ce milieu. Le football, c'est ma vie."

" Je suis un gagneur, je maronne toujours "

- Votre baisse de régime n'a-t-elle pas coïncidé avec le changement d'entraîneur ?
Peter Luccin : "Non. C'est depuis le début de l'année que je n'en suis pas."

- Comment avez-vous vécu le départ de Rolland Courbis ?
Peter Luccin : "Cela m'a fait bizarre. Il m'a fait venir de Cannes à Bordeaux puis de Bordeaux à Marseille. Il me connaît bien, sait me gérer. Mais rapidement le courant est passé entre Bernard (Casoni) et moi."

- A l'entraînement, vous ne semblez pourtant pas toujours apprécier ses remarques en tournant la tête.
Peter Luccin : "Je les accepte. Mais je suis un gagneur. Je maronne toujours. Que ce soit à La Commanderie ou en compétition. C'est mon caractère. Je sais que ce n'est pas très bien."

- Vous n'avez pas un peu la grosse tête ?
Peter Luccin : "Non, mais je suis heureux que vous me posiez cette question. Pourquoi l'aurais-je? Je n'ai rien gagné et à quoi cela me servirait-il ?
A m'attirer des problèmes ? Je suis quelqu'un de simple, naturel. J'aime faire rêver les gamins.
Etre un exemple pour eux."

" Je n'ai jamais Courbis au téléphone "

- Que répondez-vous à ceux qui prétendent que vous "carrez" Casoni ?
Peter Luccin : "Mais c'est n'importe quoi! Comment peut-on penser ça? Quand ma famille, mes amis et toute la France me regardent, je vais volontairement baisser le pied parce que Casoni est entraîneur? Il faut arrêter de délirer. L'OM, c'est mon club. Certains disent que j'ai en permanence Courbis au téléphone. Je suis prêt à jurer que je ne l'ai jamais. C'est de la jalousie."

- On vous sent remonté
Peter Luccin : "Je le suis. Dans le courrier des lecteurs de La Provence, j'ai lu qu'un monsieur disait ironiquement: "Pauvre Luccin, ce petit smicard...".Mais je viens des quartiers. J'ai grandi dans un milieu modeste. Je connais la valeur de l'argent. C'est encore de la jalousie. Ces méchancetés m'ont touché."

- Il a peut-être voulu dire: "L'OM va mal, il est un des rares Marseillais de l'équipe, il est jeune, talentueux, et gagne bien sa vie. Alors, ces états d'âme, il les laisse de côté et il se défonce pour sortir le club de cette mauvaise passe.
Peter Luccin : "Oui, sans doute. Mais je n'ai pas d'état d'âme. Lorsque j'ai déclaré avant le déplacement à Metz que j'avais besoin de faire le point, mes propos ont été mal interprétés. J'ai fait savoir à Bernard que je traversais une période difficile et qu'il était sans doute préférable de faire jouer quelqu'un susceptible d'apporter davantage."

" Je veux gagner des titres à l'OM "

- Vous n'avez donc jamais pensé à partir ?
Peter Luccin : "Et pour aller où?"

font face="helvetica" size=-1 color=#1E4BA2> - Au Milan AC par exemple
Peter Luccin : "Ce serait flatteur d'avoir des contacts avec un tel club. Mais partir serait la solution de facilité. L'an dernier, on a manqué le titre d'un rien. J'ai encore les boules. Avec l'équipe de France espoirs, on a raté les JO. Je veux gagner des titres à l'OM. Et non quitter Marseille sur un échec."

- Mais pour des raisons financières, les responsables olympiens peuvent aussi être amenés à se séparer de vous.
Peter Luccin : "Bien sûr. On en discuterait et il faudrait que ce soit l'ultime solution. Croyez-moi, si je dois partir dans quelques mois, ça sera à contrecœur."

Article de Gérard Poncié