Peter Luccin : "Une énorme déception" - La Provence - 19 novembre 1999


Après l’élimination des Bleuets en Italie, le jeune international de l’OM avoue avoir vécu la plus grosse désillusion de sa carrière. Avec en filigrane, la fin brutale de ses rêves olympiques

A Tarente, Peter Luccin sous la tunique bleu-blanc-rouge, a bien failli écrire l’une des plus glorieuses pages de l’histoire d’une formation espoirs en quête de reconnaissance continentale. Comme l’avaient fait avant lui, il y a quelques années, d’illustres aînés emmenés sur le toit de l’Europe par le génie créatif du duo Paille-Cantona.
Mais voilà, sa vision du jeu, son art à bonifier les ballons les plus anodins, son engagement irréprochable, son envie de bien faire n’auront finalement pas suffi pour venir à bout d’une escouade italienne au sens stratégique déjà très affirmé.
"C’est rageant d’être éliminés de la sorte, avoue l’enfant des Caillols. Ce match-là, on aurait dû le gagner. Mais nous sommes tombés sur une très bonne formation italienne qui a fait preuve d’une grande intelligence tactique, qui a su jouer tous les coups à la perfection. Ce qui n’a pas été toujours notre cas.

Un arbitre pas à la hauteur
"Bien sûr, nous nous sommes rapidement retrouvés à dix. Mais je préfère éviter d’accuser l’arbitrage. Car ce n’est pas toujours évident de rester concentré 90 minutes. Ce qui est dommage, c’est de voir d’un côté les joueurs sur le terrain faire le maximum pour éviter tout dérapage et de l’autre un référé pas vraiment à la hauteur. Pourtant, tout cela fait partie du ballon".
Sur le terrain des Pouilles, Luccin et ses potes de la sélection ont donc laissé une partie de leurs illusions. Et leur dernière chance de participer aux JO de Sydney. "Cela représente certainement la plus grosse déception de ma carrière de footballeur professionnel. Je dirai même depuis que je joue au ballon. "Ne pas disputer la finale de la coupe de l’UEFA face à Parme m’avait beaucoup touché. Mais cette fois, c’est encore plus fort.
"Vous savez, les Jeux constituent quelque chose de spécial. Un moment unique. Et c’était là, ma seule chance de pouvoir les disputer. Même si certains pouvaient penser le contraire, je vous garantis que les JO ont toujours été l’objectif majeur de tout le groupe. Faire aujourd’hui une croix dessus demeure assez difficile. Cela nous a fait mal.
"A la fin du match dans les vestiaires, certains n’ont d’ailleurs pas pu contenir leur émotion".

Ménagé pour le match face à Auxerre
Dégagé par la force des choses de toute obligation internationale, Peter va ainsi pouvoir se replonger dans le climat olympien. Où les prochaines échéances, demain après-midi face à Auxerre (17 heures au Vélodrome) et mercredi soir contre la Lazio de Rome apparaissent comme cruciales.
"Les deux rencontres n’ont rien à voir. La Ligue des champions, on y pensera samedi soir. Pour l’instant, ce qui compte c’est de battre Auxerre pour rester dans le coup, pour ne pas se laisser décrocher. Depuis le début de la saison, nous avons perdu énormément de points à domicile. A nous maintenant d’inverser la tendance". Pour cet indécis duel face aux Bourguignons, Rolland Courbis devrait néanmoins laisser au repos le jeune international. "Il y a 99% qu’il ne joue pas", indiquait hier soir le coach.
Après son excellente prestation en Italie, Luccin profitera de ce repos pour récupérer. Et tenter d’oublier la désillusion de Tarente. "Le plus difficile va être de passer à autre, de se remotiver. Je pense à moi mais également à tous mes potes qui ont participé à l’aventure"...

Article de Eric Puech