Luccin-Bordeaux : l'épreuve de force - La Provence - 16 mai 1998


Le Marseillais n'a pas voulu partir en Chine avec son club. Ses dirigeants parlent de sanction et ne veulent pas céder. Pour Pires, Carlo Molinari reste ferme sur le prix de 80 MF

Le FC Nantes s'est attaché hier les services d'un Argentin nommé Bustos, ce qui a occupé l'essentiel de la journée des dirigeants bretons. Et Gourvennec alors ? Le joueur et les dirigeants de l'OM seraient tombés d'accord sur la base d'un contrat de trois ans.
"Rien de nouveau de notre côté, a cependant répondu Robert Budzinski, le directeur sportif. La balle est dans le camp des Marseillais. Nous avons proposé un prix (ndlr sans doute 25 MF), l'OM un autre (20 MF), mais il n'y a rien de bloqué ; c'est une discussion légitime par les temps qui courent. Et sauf extraordinaire, les Marseillais étant des gens sérieux et nous aussi, nous trouverons une solution, je n'en doute pas."
L'affaire traîne quand même un peu en longueur. Bloquée, la situation semble l'être en revanche du côté de Bordeaux où Peter Luccin ne s'est pas présenté au départ de l'avion qui emmenait les Girondins en Chine.
"J'avais promis de ne pas y aller si mon transfert n'était pas réglé cettte semaine, a dit le jeune Marseillais. Il y a six mois, mon transfert semblait effectif ; ce n'est plus le cas aujourd'hui, alors je suis en colère. Marseille, c'est ma ville et je n'aurai peut-être plus l'occasion d'y jouer dans l'avenir." Estimant tout de même qu'il a encore deux chances sur trois de venir à l'OM, Peter a précisé que s'il devait rester à Bordeaux, il y exercerait son métier "à 200 %".

Pires : un pas en arrière
Les dirigeants des Girondins, on s'en doute, n'ont guère apprécié. Le coprésident, Jean-Louis Triaud "laisse au joueur la responsabilité contractuelle de sa décision. Ce n'est pas un comportement professionnel. Le fait d'aller ou de ne pas aller en Chine n'aurait rien changé quant à sa destination future. Vis-à-vis de ses partenaires, c'est un manque de solidarité, d'amitié et de respect."
Quelle va être l'attitude du club d'Aquitaine, choqué par les déclarations de Robert Louis-Dreyfus ("On vient de fêter le 150e¤anniversaire de l'abolition de l'esclavage et certains ne l'ont pas encore compris. A Bordeaux par exemple") ? Les Girondins rétorquent qu'ils étaient d'accord mais que c'est Peter Luccin qui a voulu rester il y a un mois et négocié une revalorisation de son salaire. Sanction ? "Forcément. Elles sont prévues dans les contrats et le règlement mais elles ne seront pas disproportionnées. Notre position ne repose ni sur l'émotionnel ni sur le caractériel. Nous ne voulons pas affaiblir l'équipe et Peter a de l'importance chez nous."
Pour résumer, c'est une épreuve de force qui s'est engagée entre le jeune Marseillais et les Girondins de Bordeaux. D'autres avant lui l'avaient tentée : Karembeu à Nantes par exemple, avec succès. Mais l'issue est incertaine. Incertaines aussi sont les négociations pour la venue de Robert Pires. Le joueur avait annoncé avant-hier qu'il se dévoilerait peut-être ce week-end. "Robert Pires a choisi Marseille", dit-on même dans son entourage. Mais son président, Carlo Molinari a effectué hier une mise au point qui sonne comme un petit pas en arrière.
"Robert peut signer avec qui il veut. Cela n'engage que lui et pas le FC Metz. J'ai toujours dit que Robert était libre de partir et de choisir sa destination. Mais il lui reste deux ans de contrat. Robert peut s'entendre avec un club mais il faudra que celui-ci se mette d'accord avec le FC Metz." Or, les dernières discussions entre Carlo Molinari et Robert Louis-Dreyfus n'ont pas abouti. Le premier dirigeant lorrain a révélé qu'ils s'étaient vus mercredi soir "sans trouver un terrain d'entente. L'OM devra s'aligner sur les propositions d'Arsenal, voire Monaco".
Molinari veut 80 MF. Jusqu'à quelle somme sera-t-il prêt à descendre ? Et jusqu'à quelle somme l'OM sera-t-il prêt à monter ? Tel est aujourd'hui le nœud du problème.


Article de Mario Albano