L'OM veut retenir la leçon - L'humanité - 1er octobre 1999


De notre envoyé spécial

à Manchester.

Pendant quarante minutes, mercredi soir en Ligue des champions contre Manchester United, Marseille a cru à l'exploit. Celui digne des livres commémoratifs de fin d'année où l'on se replonge avec délectation ou ennui, c'est selon, dans la saison écoulée. Marseille, le petit, le peu cher au regard du budget du champion d'Europe en titre (officiellement 300 contre 880 millions de francs), tenait une victoire inespérée, proche du hold-up, grâce à Bakayoko, parti aux quarante mètres adverses en chipant le ballon des pieds du pataud Berg (0-1, 41e). Et alors, et alors ? Zorro est arrivé, sans se presser, dissimulé sous les traits vengeurs d'Andy Cole, ciseau retourné à la clef (79e). Dans la foulée, Paul Scholes doubla la mise grâce à ce qu'il faut désormais appeler " le coup de Barcelone " pour une victoire en bout de course 2-1 de MU face à l'OM.

Le retournement de situation, mérité mais long à se dessiner pour une équipe " prenable " et empruntée, rappelle en quelque sorte celui opéré le 26 mai dernier en finale de la Ligue des champions contre le Bayern Munich dans la cité catalane. Courbis, lucide : " Sur la vue des occasions, Manchester United nous était supérieur mais nous aurions préféré prendre deux autres buts au moment et dans la mi-temps où Manchester nous pose le moins de problèmes. " En première mi-temps, il est vrai, Porato avait dû se démultiplier pour enrayer les assauts de mancuniens très offensifs, pas rassuré par une défense où l'inexpérimenté Fischer avait dû remplacer au pied levé Berizzo, blessé la veille à l'entraînement.

" Il nous a manqué un peu de culot, observait Dalmat. On a une équipe jeune et l'expérience nous fait défaut sur ce genre de match. " Une équipe de " briscards " aurait sans doute tenu le score plus longtemps mais l'OM a parié sur l'avenir en enrôlant des jeunes qui brillent cette saison à l'instar de l'époustouflant Gallas, du " tiganesque " Luccin et du pur technicien Dalmat.

Pour l'image, la soirée fut quand même réussie. Les 1 600 supporters phocéens ont " bouffé " les 52 000 Anglais et l'OM, dans le jeu, n'a pas " paru ridicule ", comme le disait un membre du club. Les joueurs sont remontés et attendent, avant de se replonger dès samedi dans le championnat contre Metz, " plus important que Manchester ", dixit Courbis, la revanche le 19 octobre prochain au Vélodrome, pour le début des matchs retour. Luccin : " On en reparlera à domicile. Ce sera un match palpitant. " Voilà qui promet.

Article de Dominique Sévérac